Archive pour la catégorie ‘Mes expressions écrites’

Que la bise souffle!

vendredi 19 mai 2006

Ou la publicité a-t-elle une influence sur vous ?

Nous étions mi-mars. Il faisait toujours froid, la température était négative ce matin là. La bise soufflait.
En revenant d’une promenade avec mon chien j’ai sorti une pile de publicité de ma boîte postale. Avant de la jeter je l’ai triée : pas de lettres, tous ira à la poubelle stop. J’ai retenu un petit magasine plein de photos colorées. C’était une nouvelle collection que me présentait une de mes boutiques préférées.
Titi aime faire un tour dans le jardin pour finir sa promenade. En l’attendant je me suis installée sur un banc à l’abri du vent et commençais à feuilleter le magasine.
« Collection Printemps – Eté Plaisir à l’horizon »- c’est bien !
« Des rendez-vous avec la mer et le ciel »- waouh !
« Des excursions »- j’aime beaucoup !
« Bivouac en amoureux » -pourquoi pas ?
« Découvrir chaque jour de nouvelles saveurs »- ah !
Et « laisser libre cour à sa fantaisie » -on va le faire tout de suite. Je ne sentais plus la bise, je voyais le printemps.
Continuons à lire cette jolie pub : « Changement de décor, le sens inné de l’hospitalité, des moments de détente »- tout me convient parfaitement bien.
« Des cadeaux, des souvenirs »- que c’est beau !
« Les détails ont leur importance » -je suis d’accord !
« De grands moments d’exception » -on va les vivre aussi !
Et « fêter mille et une nuit » -avec plaisir !
D’un coup j’ai changé mon planning pour ce matin là.
Pas de repassage qui était prévu. Je suis allée directement à la salle de bain.
Des huiles essentielles, un shampooing aromatique…
Quarante cinq minutes plus tard j’étais coiffée.
Maintenant – ma garde-robe. Un paradoxe éternel de la penderie féminine : elle est toujours pleine mais nous n’avons jamais rien à nous mettre !
Cette fois c’était faux ! Pas besoin de courir les boutiques ! J’étais sûre de trouver quelque chose.
Par exemple, ce pull en orange avec un chemisier de soie crème, une jupe en beige foncé et petites bottines talonnées marron. Des collants de couleur peau bronzée légèrement brillants et l’ambre. Un collier d’ambre sur le cou et un bracelet d’ambre sur une poigné.
Cet après-midi là j’allais travailler en beauté, avec le soleil dans mon coeur et sur mon corps !
Que la bise souffle !

Et vous ? Est-ce que la publicité a l’influence sur vous ?

PS Pas de publicité sur mon blog !

Le 13 mars 2006 Ferney-Voltaire

Promenade matinale

mardi 7 mars 2006

Ce matin il fait moins sept. Nous sommes le sept mars.
Un écureil roux à poitrine blanche traverse le jardin. Où se dépêche-t-il tant? Ah, bien sûr, vers une jardinière avec mes pensées couvertes de neige.
Il y creuse. Que-ce qu’il cherche ? Les noix qu’il a mises en automne dans toutes les jardinières.
Et je me demandait pourquoi les pensées ont toujours les racines en l’air et poussent mal ?
Titi court chasser le coupable. L’écureuil fuit. Il est déjà sur un arbre. Il nous regarde de là haut et dit : « Tsoc, tsoc, tsoc, tsoc, tsoc… » Titi repond.
Il y a une petite bagarre dans mon jardin à sept heures du matin.
Le 7 mars 2005 Ferney-Voltaire


Le 5 mars 2006 Ferney-Voltaire

Un jour d’hiver

jeudi 19 janvier 2006

Ce matin, froid et venteux, je suis allée faire les courses.
Dans le rayon des fleures, un bouquet de roses a attiré mon attention. Les roses étaient blanches et fraiches comme ce jour blanc d’hiver.
Je les ai contemplées un petit moment et ai décidé de les acheter. Leur beauté blanche-neige a soulevé quelque chose dans mon coeur et l’a allumé.
En revenant à la maison, j’ai décidé de me rendre belle comme ces roses. Alors j’ai mis une jupe de laine blanche et un pull blanc. En me regardant au miroir j’ai trouvé mon image satisfaisante.
Toute la journée allait comme sur des roulettes.
Je suis allée au cours d’anglais. Notre prof d’anglais, une femme sans caractère, sans expression n’inspire personne. Comme d’habitude elle n’était pas de bonne humeur et ne voulait pas travailler. J’ai pris l’initiative d’animer le cours. Après tout moi aussi j’étais prof et j’ai un diplôme pédagogique. Je posais des questions, répondais aux autres, racontais mon experience. L’heure est vite passée. Personne n’a voulu partir. Mon inspiration est passée aux autres.
Après le cours, j’ai fait une ballade en ville. C’était une période de soldes, donc je participais parce que je ne suis pas riche. Je me suis achetée une veste blanche et une paire de bottes blanches.
A la maison j’ai essayé mes achats devant le miroir et j’étais absolument persuadée que la vie mérite d’être vecue, pas seulement en rose mais aussi en blanc.
Dans cet état heureux, je me suis installée pour jouer de la guitare. « A la rosa vermelha », « Tres notas para decir te quiero » et « Milonga facil para la guitarra » sonnaient dans toute la maison.
Ensuite j’ai fait mes exercices d’anglais et suis passée à la couture.
Ma tante qui m’a élevée disait : « Si une femme ne sait pas coudre, elle ne saura jamais s’habiller ! Si une femme ne sait pas s’habiller, elle ne sera jamais belle ! » Peut-être que ce n’est pas vrai mais je l’ai toujours crue. Je voulais être belle, j’ai appris à coudre.
Je suis donc en train de coudre une paire de pantalon en soie de couleur rose de bois pour la danse orientale.
Mon bouquet de roses blanches est devant moi et continue de m’inspirer.

Je serais heureuse si ce fleurs blanches pouvaient vous inspirer aussi!

Danse

dimanche 27 novembre 2005

« Danse à la ville » Renoir Points de croix Réalisé par Tatiana /dimensions du dessin 21×32 avec le cadre 37×47.5 /

J’aime danser.
Quand je danse, je répète ces mouvements et gestes naturels qui bouillonnent en moi hérités des générations de mes ancêtres.
Peut-être pêchaient-ils du poisson dans l’eau froide du fleuve Kama, au bord duquel je suis née. Ou peut-être étaient-ils chasseurs et chassaient le zibeline dans la taïga…
Et je me sens vivante, présente et en même temps absente, liée avec le passé et le futur, emportée par le vent de joie de vivre qui se réveille en moi…
Je plane au delà du temps, quelque part dans les siècles passés et ceux qui viennent, je reviens et ça recommence.
Je me sens comme étant un petit instant vivant dans le temps.
Et j’ai envie de vivre cet instant encore et encore…
Le 13 mars 2005

img_0239.JPG

« Danse de feu » Canevas laine Réalisé par Tatiana / dimensions du dessin 37×50, avec le cadre 45×60 /

Les pattes de pigeon

mardi 15 novembre 2005

J’étais une petite écolière de dix ans. Un beau jour de mois de mai je revenais de l’école. Le soleil brillait et j’avais chaud dans mon uniforme de laine marron et mon tablier noire. Mon cartable était lourd. J’ai pris beaucoup de livres dans notre bibliothèque scolaire. J’allais lentement et pensais aux héros du dernier livre que je lisais.
J’ approchais déjà de ma maison entourée d’un grand parc vert et ai lévé la tête en cherchant avec les yeux nos fenêtres . Cette habitude, je l’ai eue toute ma vie : comme si les maisons étaient vivantes et avaient des yeux et comme si je demandais : Est-ce que tout va bien ? »
Sur le gazon sous notre balcon j’apperçu un garçon.
Je l’ai reconnu tout de suite. C’était Igor. Un garçon de mon age qui habitait notre immeuble.
J’ai vite courru voir comment il jouait. Et j’ai vu.
Igor tenait dans une main un pigeon, dans l’autre un rasoir et lui coupait la patte. Une première petite patte rouge trainait à côté. Ce n’était pas un travail facile car Igor s’est blessé les doigts mais continuait quand même. Les ailes de pigeon étaient déjà cassées.
Cette scène, je la vois nettement jusqu à maintenant et je me souviens de chaque détail : le pigeon qui bougeait encore, son corps et ses yeux, le sang sur les mains et le pantalon d’Igor, ses cheveux bruns ebouriffés et collant au front, et ses yeux qui brillaient comme deux bougies.
J’ai enlevé mon gros cartable et avec toute la force que j’avais, j’ai frappé Igor sur la tête. Le brouillard dans mes yeux, je le frappais coup après coup. Le cartable s’est ouvert et tout son contenu est tombé par terre. Je ramassais les livres et continuais à frapper Igor. Il a fuit. C’était un trouillard.
J’ai vite pris le pigeon et sa patte coupée. Comme l’éclaire je courrais à la clinique qui s’est trouvée en fâce de notre immeuble. Il fallait juste traverser le parc. Larmes sur me joues, les tresses défaites, je suis entrée à la réception. Tassia, notre voisine, y travaillait comme infirmière. Pour sauver mon pigeon, je comptais sur elle.
De ce jour là je ne me souviens plus de rien. Quand j’y pense, je sens toujours le poids du pigeon dans ma mains gauche et sa petite patte que j’ai serré dans ma main droite.
Plus tard j’ai appris que je n’étais pas la seule qui emportait à Tassia des oiseaux et des chatons torturés ou tués par Igor.
Le père de Igor occupait un très grand poste dans notre ville. Les gens avaient peur de lui. Aux voisins qui sont allés lui parler au sujet de son fils, il disait que Igor était encore un gamin, qu’il ne se rendait pas compte de ce qu’il faisait, que c’était un garçon curieux et qu’il voulait savoir comment les oiseaux et les animaux étaient faits, que peut-être un jour il serait docteur.
Dans quelques années Igor a grandi et a abandonné son hobbi sanglant. Ses parents lui ont acheté un chien : un berger allemand. Et Igor a trouvé un autre « amusement » : Il entrainait son chien pour tuer les chats des voisins.
J’ai remarqué que chaque fois que je rencontrais Igor, ses yeux s’allumaient d’un feu froid très bizarre. Comme un vampire, il se nourissait de la douleur de ses victimes, de notre douleur, de ma douleur.